Les projets actuels se déroulent à Bérégadougou (Burkina Faso), une commune rurale de 12 000 habitants où les co-fondateurs ont de fortes attaches familiales et où ils ont hérité d'un terrain dont une partie a été mise à la disposition d'un groupement de femmes afin d'y mener des actions de développement agro-écologique.

Lieu d'action : Bérégadougou
Province de la Comoé.

Le contexte social

Dans les années 1970, une des plus grandes entreprises du pays, la société sucrière SN SOSUCO, s'est implantée aux abords de Bérégadougou afin d'y cultiver et d'y transformer de la canne à sucre. Pour cela, plusieurs kilomètres carré de terre arable ont été réquisitionnés et des villages entiers déménagés.

L'augmentation de la population (de 1000 habitants dans les années 1970 à 7000 dans les années 1980) et la diminution des surfaces cultivées ont entraîné une dégradation de la qualité de l'alimentation. En effet, l'élevage a diminué et de nombreuses personnes n'ont peu ou pas de terrain à exploiter dans le cadre d'une agriculture familiale de subsistance. Or, les perspectives d'embauche comme ouvrier à la SN SOSUCO ne compensent pas ce manque de revenu agricole. A ce sujet, le maire Mr Martin Sourabié, affirme que "[les habitants de Bérégadougou] vivent en insécurité alimentaire depuis une décennie", rappelant que la région des Cascades (où se trouve Bérégadougou) a été classée 13e sur 13 par une étude menée sur la malnutrition chronique au Burkina Faso en 2013.

Le tissu économique du village est écrasé par l'importance de la SN SOSUCO : hormis de rares contrats journaliers de manutentionnaire, il n'y a que peu d'opportunités de travail pour les habitants. Et il semble que la situation sociale n'aille pas en s'améliorant : en novembre et décembre 2015, un fort mouvement de grève a paralysé l'usine sucrière, réclamant le départ de cadres accusés de mauvaise gouvernance et de corruption. Le recours massif aux contrats de "sous traitance" et le niveau de rémunération faisaient également partie des revendications des grévistes.

Ainsi, on peut dire que même si elle a apporté des bénéfices en terme d'infrastructure (route, électricité, impôts locaux), l'implantation de l'usine sucrière a été vecteur de grands bouleversements sociaux qui n'ont hélas pas été compensés.

Les champs de canne à sucre de la SN SOSUCO (le village est en bleu)

Route principale de Bérégadougou

Le contexte environnemental

Monocultures

En plus de la canne à sucre, la production agricole de la région est très largement dominée par l'arboriculture : les paysans ont été encouragés à planter des manguiers et des anacardiers (noix de cajou) afin d'alimenter une économie tournée vers l'export. Cette orientation a eu pour conséquence un déboisement accéléré et la quasi disparition de certaines espèces sauvages (végétales et animales). En outre, la construction de barrages et de conduites d'eau destinés à l'irrigation de la canne à sucre ont causé l'ensablement voire l'assèchement de nombreux marigots et cours d'eau.
Difficile d'imaginer, aujourd'hui, qu'il y a cinquante ans, une forêt galerie très dense menait du village au champ mis en valeur par l'association.

Glyphosate

Les intrants chimiques : engrais, pesticides, herbicides - au premier rang desquels se trouve le glyphosate (connu sous le nom de Roundup) - sont de plus en plus employés par les petits agriculteurs. Ainsi, il n'est pas rare, en se promenant en "brousse", de trouver au sol des bidons vides jetés après usage. Cette utilisation de produits chimiques se fait bien souvent dans l'ignorance des consignes de sécurité et des potentiels risques pour la santé.

Feux de brousse

Souvent utilisé en complément des désherbants chimiques, le feu de brousse en début de saison sèche est très souvent employé par les agriculteurs pour créer des pare-feux et fertiliser la terre. Cependant, cette pratique traditionnelle (pas toujours bien maîtrisée) participe - tout comme les intrants chimiques - à un appauvrissement et à une forte érosion des sols.

Aléas climatiques

Depuis une quinzaine d'années, la durée de la saison des pluies n'a fait que diminuer, passant de 5 à 4 mois environ. Plus inquiétant, on constate une plus grande disparité dans la répartition des précipitations : chaque année, la population se retrouve confrontée à des poches de sécheresse (absence totale de pluie) qui peuvent durer plus de vingt jours. Celles-ci ont souvent des conséquences désastreuses sur l'agriculture familiale traditionnelle, soumise au régime des pluies et dépourvue de moyens d'irrigation.

Brulis après un feu de brousse

Brulis après un feu de brousse

Inondation après une pluie

Inondation après une pluie

Manque d'eau

Manque d'eau